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LE SECRET

tournée vers Robert, n’exprima aucune surprise à cette étrange révélation. Il sourit quand Robert en arriva à cette partie du récit qui avait trait au complot de Ventnor, mais il n’eut pas l’air étonné. Robert acheva l’histoire à l’endroit où elle avait été interrompue par sir Michaël. Il ne dit rien de la disparition de George Talboys, ni des soupçons horribles qu’elle avait fait naître. Il ne parla pas non plus de l’incendie de l’auberge.

Le docteur Mosgrave secoua la tête d’un air grave quand Robert eut fini.

« Vous n’avez plus rien à me dire ? demanda-t-il.

— Non, je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en dire davantage, répondit Robert, cherchant à éluder la question.

— Vous voudriez prouver que cette dame est folle, et n’est pas responsable de ses actions, monsieur Audley ? » dit le médecin.

Robert Audley fut stupéfié de la pénétration du docteur. Comment avait-il si promptement deviné son désir secret ?

« Oui, si cela était possible, je voudrais lui trouver cette excuse.

— Et éviter le scandale d’un procès, n’est-ce pas, monsieur Audley ? » dit le médecin.

Robert frissonna en s’inclinant en signe d’adhésion à cette remarque. Ce n’était pas seulement un procès qu’il redoutait, c’était la cour d’assises où comparaîtrait, au milieu des curieux empressés, la femme de son oncle, accusée d’assassinat et entourée de toutes parts de figures curieuses, qui viendraient contempler sa honte.

« Je ne pense pas que mes services puissent vous être de quelque utilité, dit tranquillement le docteur ; je verrai cette dame, si vous le voulez, mais je ne la crois pas folle.

— Pourquoi ?