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DE LADY AUDLEY

Elle fut interrompue par l’arrivée du directeur de cet agréable établissement, qui parut le sourire aux lèvres et la lettre du docteur Mosgrave à la main.

Le directeur se déclara enchanté de faire la connaissance de Robert. Il n’y avait rien sur terre qu’il ne fût prêt à faire pour monsieur en personne, et rien sous les cieux qu’il ne s’efforcerait d’accomplir pour lui, en sa qualité d’ami d’une connaissance aussi distinguée que le célèbre docteur anglais. La lettre de M. Mosgrave l’avait mis au courant de ce qu’il y avait à faire, et il se chargeait volontiers de soigner la charmante et très-intéressante madame… madame…

Il frotta ses mains poliment, et regarda Robert. Celui-ci se souvint alors pour la première fois, qu’il lui avait été recommandé de présenter lady Audley sous un nom supposé.

Il feignit de n’avoir pas entendu la question du directeur. C’est une chose qui paraît facile, de choisir entre mille le premier nom venu ; mais M. Audley eut l’air d’avoir oublié tous les noms qu’il connaissait pour ne se rappeler que le sien et celui de son ami perdu.

Le directeur s’aperçut peut-être de son embarras, et pour l’aider à en sortir, il se tourna vers la femme et murmura quelque chose à propos du no 14 bis. La femme prit une clé, qui était suspendue avec plusieurs autres au-dessus du manteau de la cheminée, et une bougie qui se trouvait sur une planche dans un coin de la chambre, et l’ayant allumée, elle traversa une salle carrelée et s’avança vers un escalier en bois verni.

Le médecin anglais avait informé son collègue de Belgique, que la question d’argent ne devait nullement le préoccuper dans tous ses arrangements pour le bien-être de la dame anglaise confiée à ses soins. Conformément à ces instructions, M. Val avait choisi pour sa nouvelle pensionnaire un appartement magnifique : l’antichambre était dallée en marbre blanc et noir,