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LE SECRET

Que lui restait-il à faire ? Une foule de pensées horribles lui vinrent à l’esprit en se rappelant ce qu’il avait entendu conter à Helen Talboys. Son ami, son ami assassiné, était caché au fond du vieux puits d’Audley. Depuis six mois il était là sans sépulture, enfoui dans l’obscurité du vieux puits du couvent. Que fallait-il faire ?

Rechercher les restes de son ami, c’était amener infailliblement une descente de justice et révéler l’histoire du crime de lady Audley. En prouvant que George Talboys avait trouvé la mort à Audley, il prouvait aussi que la main qui l’avait frappé était celle de lady Audley ; car on savait que le jeune homme était allé la rejoindre dans l’allée des tilleuls le jour où il avait disparu.

« Ô mon Dieu ! s’écria Robert, en face de cette horrible alternative, faut-il que le cadavre de mon ami reste à tout jamais au fond de ce puits parce que j’ai pardonné à la femme qui l’a assassiné ? »

Il comprit qu’il ne trouverait aucun moyen d’éluder cette difficulté ; mais il chercha quand même, et il lui arriva parfois de se dire qu’en somme cela importait peu à son ami mort, d’être enseveli dans un puits ou dans une magnifique tombe en marbre dont la beauté serait une nouvelle pour le monde entier ; parfois aussi il fut saisi d’horreur à l’idée du sort fait à la victime et il souhaita avoir des ailes pour achever son voyage et commencer la juste réparation.

Il arriva à Londres dans la soirée du deuxième jour après son départ d’Audley, et il se rendit tout droit à l’hôtel Clarendon, pour demander des nouvelles de son oncle. Il ne voulait pas voir sir Michaël, n’ayant encore rien décidé de ce qu’il aurait à lui dire, mais il lui tardait de savoir comment il avait supporté cet épouvantable choc.

« Je verrai Alicia, pensait-il, et elle me racontera