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LE SECRET

sans que personne vous voie ; vous me le promettez, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Cette autre est pour M. Robert Audley, le neveu de sir Michaël ; le connaissez-vous ?

— J’ai entendu dire que c’était un élégant, mais qu’il était très-affable pour ses inférieurs (c’est vrai que je l’ai entendu dire, monsieur, ajouta Luke entre parenthèse).

— Vous la lui porterez à l’auberge du Soleil.

— C’est convenu, monsieur. »

« Il me donna la seconde lettre et le billet de banque qu’il m’avait promis, puis il me souhaita le bonjour en me remerciant de mes services et monta dans un wagon de deuxième classe où sa figure meurtrie m’apparut pour la dernière fois.

— Pauvre George !… pauvre George !… s’écria Robert.

— J’allai tout droit au village d’Audley et j’entrai à l’auberge du Soleil pour vous remettre sa lettre, mais l’aubergiste me dit que vous étiez parti pour Londres dans la matinée. Il ne savait pas quand vous reviendriez ni en quel endroit vous habitiez à Londres, quoiqu’il m’avouât que ce devait être dans les environs de Law’s Court, Westminster Hall, Doctor’s Commons ou quelque chose de ce genre. Que devais-je faire ?… je ne pouvais vous envoyer la lettre par la poste, ne connaissant pas votre adresse, ni vous la remettre, puisque vous étiez parti : je me décidai donc à la garder jusqu’à ce que vous fussiez de retour. Je résolus d’aller le soir au château d’Audley et de savoir par Phœbé s’il m’était possible de voir milady. Je flânai toute la journée ; et, vers le crépuscule, je gagnai la prairie où Phœbé m’attendait comme d’habitude. J’allai avec elle dans le bosquet, et comme nous approchions du puits où nous nous étions assis plusieurs