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DE LADY AUDLEY

Robert s’inclina. Il remerciait le hasard qui l’avait toujours éveillé à temps le matin et empêché d’arriver en retard au luncheon de M. Talboys.

« J’espère donc, puisque nous nous entendons si bien, reprit M. Talboys, que vous voudrez bien nous honorer de vos visites toutes les fois que vous en sentirez le désir. Le gibier abonde dans mes propriétés, et mes fermiers seront pleins d’égards pour vous s’il vous plaît d’apporter un fusil et de chasser. »

Robert accepta avec empressement cette aimable invitation. Il déclara qu’il n’aimait rien tant que la chasse, et qu’il serait très-heureux de profiter des avantages qu’on lui offrait avec tant d’obligeance. Il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil vers Clara en parlant de la sorte. Les paupières des beaux yeux bruns interceptèrent un instant leur regard, et une légère rougeur illumina la charmante figure.

Cette journée était la dernière que le jeune avocat passait dans l’Élysée, et bien des heures ennuyeuses devaient s’écouler avant que le mois de septembre lui fournît une excuse pour revenir dans le Dorsetshire. Pendant cette longue absence, les jeunes nobles campagnards ou les vieux fats de quarante-huit ans pourraient user de leurs privilèges de voisins à son désavantage. Il n’était donc pas étonnant qu’il fût soucieux par cette belle matinée, et que sa compagnie fût si peu agréable pour miss Talboys.

Mais le soir, après dîner, quand le soleil baissa à l’horizon, et que M. Harcourt Talboys s’enferma dans son cabinet pour régler ses comptes avec son homme d’affaires et un des fermiers, M. Audley devint un peu plus aimable. Il se plaça à côté de Clara dans l’embrasure d’une des grandes fenêtres du salon et regarda les ombres du soir qui grandissaient à mesure que les derniers rayons du soleil disparaissaient au couchant. Il était heureux de se trouver en tête à tête avec elle, bien