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LE SECRET

qui avaient charmé son convive et l’avaient retenu dans le Dorsetshire.

Il fut donc un peu désappointé, mais il ne le laissa pas trop voir et se montra passablement content de la tournure qu’avaient prise les affaires.

« Il n’y a plus qu’un point pour lequel j’ai besoin de votre consentement, mon cher monsieur, dit Robert lorsque tout fut réglé, nous passerons notre lune de miel en Australie, si vous le permettez. »

M. Talboys fut pris à l’improviste. Il essuya quelque chose comme une larme qui parut dans ses yeux gris et tendit la main à Robert.

« Vous allez à la recherche de mon fils, dit-il. Ramenez-le et je vous pardonnerai volontiers de m’avoir enlevé ma fille. »

Robert Audley partit pour Londres, pour abandonner son appartement dans Fig-Tree Court, et s’informer des navires qui étaient en partance de Liverpool pour Sydney dans le mois de juin.

Ce n’était plus le même homme : le présent, l’avenir, tout était changé pour lui. Le monde lui apparaissait couleur de rose et radieux, et il se demandait comment il avait pu le trouver si triste et d’une teinte si neutre autrefois.

Il était resté à Grange Heath jusqu’après le luncheon et, quand il rentra chez lui, il faisait déjà sombre. Il trouva mistress Maloney qui frottait l’escalier, suivant son habitude de chaque samedi soir, et il lui fallut traverser une atmosphère saturée de vapeur au savon qui rendait la rampe graisseuse sous sa main.

« Vous avez là-haut une masse de lettres, dit la blanchisseuse en se relevant et s’adossant contre le mur pour laisser passer Robert ; il y a aussi des paquets et un monsieur qui est venu plusieurs fois, et vous a attendu ce soir, parce que je lui ai dit que