Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
LE SECRET

Après dix minutes de recherche et un grand bouleversement dans tous ses papiers, mistress Barkamb poussa un cri de triomphe.

« J’ai la lettre, dit-elle, et elle renferme un billet de mistress Talboys. »

La figure pâle de Robert Audley se colora d’une vive rougeur pendant qu’il tendait la main pour recevoir ce document.

« La personne qui a volé chez moi les lettres d’amour d’Helen Maldon dans la malle de George, aurait pu s’épargner cette peine, » songea-t-il.

La lettre du vieux lieutenant n’était pas longue, mais presque tous les mots en étaient soulignés.

« Ma généreuse amie — écrivait le capitaine,

« Je suis au désespoir. Ma fille m’a quitté. Vous devez vous imaginer ma douleur. Nous avons eu quelques mots hier soir à propos d’argent. Cette maudite question d’argent a toujours amené des désagréments entre nous… et ce matin, en me levant, je me suis vu abandonné. Le billet d’Helen ci-inclus m’attendait sur la table du salon.

« À vous dans ma douleur et mon désespoir,

« Henri Maldon.

« North Cottages, 16 août 1854. »

Le billet de mistress talboys était encore plus concis. Il commençait ainsi sans préambule :

« Je suis fatiguée de la vie que je mène ici, et je veux, si je peux, en trouver une plus agréable. Je vais courir le monde après avoir brisé tous les liens qui me rattachent à un passé odieux, et j’espère me faire une autre famille et une autre position. Pardonnez-moi mes caprices, mes bouderies. Vous devez me par-