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DE LADY AUDLEY

don, dit-elle, car il a quitté le no 17 me devant beaucoup d’argent, et j’ai tout cela par écrit ; quant à mistress Talboys… »

Mistress Barkamb s’arrêta un moment avant de continuer.

« Vous savez que mistress Talboys est partie précipitamment ? demanda-t-elle.

— Je l’ignorais.

— Ah ! oui, elle partit précipitamment, la pauvre petite femme ! Elle avait essayé de gagner sa vie, après la fuite de son mari, en donnant des leçons de musique ; elle était bonne pianiste, et elle réussissait assez bien, mais je crois que son père lui prenait son argent et le dépensait au café ? Quoi qu’il en soit, ils eurent un jour une explication sérieuse, et le lendemain, mistress Talboys quitta Wildernsea en laissant son enfant qui était en nourrice dans les environs.

— Et vous ne sauriez me dire la date de son départ ?

— Je crains bien que non… Cependant, attendez. Le capitaine Maldon m’écrivit le jour même du départ de sa fille. Il avait du chagrin, le pauvre homme, et il venait toujours à moi quand il était triste. Si je trouvais sa lettre… elle est peut-être datée… Pensez-vous qu’elle le soit ? »

M. Audley répondit que c’était probable.

Mistress Barkamb se dirigea vers un secrétaire à côté de la fenêtre, et l’ouvrit après avoir enlevé la serge verte qui le couvrait. Ce secrétaire était bourré de papiers qui s’échappaient en tout sens des casiers. Des lettres, des reçus, des notes, des inventaires étaient entassés pêle-mêle, et ce fut parmi ces documents que mistress Barkamb tenta de retrouver la lettre du capitaine Maldon.

M. Audley attendit patiemment en suivant de l’œil les nuages grisâtres qui couraient dans le ciel et les navires qui sillonnaient la mer.