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DE LADY AUDLEY

Les yeux pensifs de Clara Talboys étaient fixés sur lui, et il comprenait qu’elle cherchait à pénétrer ses plus secrètes pensées.

« Que suis-je dans ses mains ? se dit-il. Que suis-je pour cette femme qui a la physionomie de mon ami perdu et les manières de Pallas Athéné ? Elle voit toutes mes hésitations, elle scrute une à une toutes mes pensées à l’aide du charme magique de ses grands yeux bruns. Le combat ne peut être égal entre nous, et je ne serai jamais vainqueur en luttant contre sa beauté et sa pénétration. »

M. Audley se préparait, en toussant légèrement, à dire adieu à sa belle compagne et à fuir sa présence, qu’il redoutait, en regagnant la prairie solitaire, lorsque Clara Talboys l’arrêta pour lui parler précisément de ce qu’il voulait éviter le plus.

« Vous m’avez promis de m’écrire, monsieur Audley, si vous découvriez quelque chose qui pût éclairer le mystère de la disparition de mon frère. Vous ne m’avez pas écrit. Je suppose donc que vous n’avez rien découvert. »

Robert Audley resta un moment silencieux. Comment répondre à cette question directe ?

« La chaîne qui unit la destinée de votre frère à la personne que je soupçonne se compose d’anneaux bien légers, répondit-il après une pause. Je crois que j’ai ajouté un autre anneau à cette chaîne depuis que je vous ai vue dans le Dorsetshire.

— Et vous refusez de me faire part de votre découverte ?

— Tant que je n’en saurai pas plus long.

— J’ai supposé, d’après votre dépêche, que vous vous étiez rendu à Wildernsea.

— C’est vrai.

— Ah ! serait-ce là que vous avez trouvé quelque chose ?