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LE SECRET

gnorais, avant de venir ici, qu’il y eût un village portant le nom d’Audley. Je suppose que ce nom lui vient de votre famille.

— Je crois que oui, répondit Robert émerveillé du calme de la jeune fille en face de son embarras. Je me rappelle vaguement avoir entendu conter l’histoire de quelque ancêtre qui se nommait Audley d’Audley, sous le règne d’Édouard IV. La tombe qui se trouve dans le chœur appartient à l’un des chevaliers d’Audley ; mais je n’ai jamais pris la peine de m’informer de ses exploits. Est-ce que vous attendez vos amis ici, miss Talboys ?

— Oui, ils reviendront ici me prendre après leur tournée.

— Et vous retournez avec eux à Mount Stanning cette après-dînée ?

— Oui. »

Robert tenait son chapeau à la main et regardait, sans les voir, les pierres tumulaires rangées contre le mur très-peu élevé du cimetière. Clara Talboys regarda sa figure pâle et contractée par la tension continuelle de son esprit.

« Vous avez été malade depuis que je ne vous ai vu, monsieur Audley ? dit-elle d’une voix douce et harmonieuse comme l’orgue sous ses doigts.

— Non ; seulement j’ai été vivement préoccupé par des doutes, des incertitudes fatigantes. »

Il songeait en lui parlant :

« Jusqu’où vont ses suppositions ? Où s’arrêtent ses soupçons ? »

Il lui avait raconté l’histoire de la disparition de George et ses soupçons à lui, en ne supprimant que les noms des personnes impliquées dans le mystère ; peut-être que cette jeune fille voyait clair dans toute cette trame, et gardait pour elle ce qu’il n’avait pas jugé à propos de lui dire.