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LE SECRET

lades allemandes qui sont possédés du démon, je renonce à le comprendre. »

M. Audley regarda sa cousine avec un air moitié sérieux, moitié comique.

« C’est une charmante jeune fille, pensa-t-il, mais elle m’ennuie. Sans que je sache pourquoi, elle m’ennuie chaque jour davantage. »

Il tordit sa moustache en cherchant la solution de ce problème, et pendant un instant son esprit oublia le grand but de sa vie pour s’occuper de ce sujet moins important.

« Oui, elle est aimable, elle a bon cœur, elle a d’excellentes qualités, et pourtant… »

Il se perdit dans un océan de doutes et de perplexités. Il y avait en lui quelque chose qu’il ne pouvait comprendre, quelque changement survenu en lui qui ne tenait pas à la disparition de George qui l’inquiétait et le déroutait.

« Voudriez-vous nous dire où vous avez passé vos deux dernières journées, monsieur Audley ? » demanda milady pendant qu’elle attendait avec sa belle-fille que Robert s’écartât du seuil pour leur livrer passage.

Le jeune homme tressaillit à cette question, et regarda aussitôt milady. Quelque chose dans l’aspect de cette beauté brillante, quelque chose dans son expression enfantine semblait le frapper au cœur et le faire pâlir pendant qu’il la contemplait.

« J’ai été dans… le Yorkshire, au petit port de mer qu’habitait à l’époque de son mariage mon pauvre ami George Talboys. »

La figure de milady changea de couleur à ces mots. Elle essaya de sourire et tenta de forcer le passage gardé par le neveu de son mari sans avoir l’air d’entendre.

« Il faut que je m’habille pour dîner, dit-elle, je