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LE SECRET

n’est sans doute pas grand’chose ; mais elle prouve pourtant que toute personne résidant dans le comté d’Essex, en juillet 1857, pouvait être informée du retour de George Talboys. Suivez-vous mon raisonnement ?

— Pas très-bien ; qu’ont de commun les journaux d’Essex avec la mort de mistress Talboys ?

— Nous allons y arriver petit à petit, milady. Je crois, ai-je dit, que l’annonce du Times était fausse et faisait partie du complot formé par Helen Talboys et le lieutenant Maldon contre mon pauvre ami.

— Un complot !

— Oui, un complot tramé par une femme adroite, qui avait spéculé sur la mort probable de son mari et s’était assuré une belle position au risque de commettre un crime ; par une femme audacieuse, qui a cru pouvoir remplir son rôle jusqu’au bout sans être découverte ; par une femme méchante, qui n’a pas songé à toute la douleur de l’honnête homme qu’elle trompait en jouant sa vie à un jeu de hasard où elle se figurait qu’avec les cartes majeures on gagnait. Elle a oublié pourtant, cette femme si rusée, que la Providence voit à nu le cœur des coupables et ne permet pas que leurs secrets restent longtemps cachés. Si la femme dont je parle n’avait jamais commis de crime plus noir que celui de la fausse annonce dans le Times, je la regarderais déjà comme la plus méprisable de son sexe, pour cet infâme calcul. Ce terrible mensonge était un coup de poignard donné par derrière par un lâche assassin.

— Mais comment savez-vous que l’annonce était fausse ? Vous nous avez dit que vous étiez allé à Ventnor avec George Talboys, voir la tombe de sa femme. Qui donc était enterré à Ventnor, si ce n’était pas elle ?

— Ah ! lady Audley, dit Robert, voilà une question à laquelle deux ou trois personnes seulement pour-