— Oui, je crois que Robert a hérité de son père toutes ses idées absurdes. Mon oncle était aussi indifférent que mon cousin pour tous ses semblables, mais personne ne le contrariait là-dessus, parce qu’en somme il était bon père, bon mari et bon maître.
— Mais il était excentrique.
— Oui, c’était du moins ce qu’on trouvait.
— Ah ! je me le disais bien. Savez-vous, Alicia, que la folie se transmet plus souvent de père en fils que de père en fille, et de mère en fille que de mère en fils ? Votre cousin Robert Audley est fort bel homme, et a, je crois, un bon cœur, mais il faut qu’on le surveille, Alicia, car il est fou.
— Fou ! s’écria miss Audley avec indignation, vous rêvez, à coup sûr… ou… ou… ou bien vous voulez m’effrayer, ajouta la jeune fille alarmée.
— Je veux seulement vous mettre sur vos gardes, Alicia. M. Audley peut n’être qu’excentrique, comme vous dites, mais il m’a parlé ce soir de manière à m’effrayer, et je crois qu’il devient fou. J’en causerai sérieusement avec sir Michaël dès ce soir.
— Vous en parlerez à papa… Eh ! mais non… N’allez pas lui faire de la peine en lui faisant entrevoir un pareil malheur.
— Je me contenterai de le mettre en garde, Alicia.
— Il ne vous croira pas… cette idée le fera rire.
— Oh ! que non, Alicia, il croira tout ce que je lui dirai, » répondit milady avec un sourire plein de douceur.