Page:Brassard - Les Mémoires d'un soldat inconnu.pdf/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
les mémoires d’un soldat inconnu

vers l’ouest. Nous y serons à la tombée du jour, à moins qu’un taxi nous rejoigne et nous offre une place sur ses coussins.

Mon compagnon est grand, osseux, équarri à la hache. Une moustache retombante cache les coins de sa bouche aux lèvres charnues. Il a une encolure de bœuf. Ce n’est pas un type de boudoir.

Nous marchons un demi-mille en silence, et, soudain, mon géant me saisit le bras et pointe les nuages :

— Regarde-moi ça, on va assister à un combat aérien. Ah ! mais c’est ça qui est chic !

Il se campe au milieu de la route. Les jambes écartées, les poings sur les hanches, son menton carré levé très haut, il paraît immense sur le ciel. Avec l’enthousiasme d’un entraîneur de boxe, il décrit les phases du combat entre un Fokker et un Nieuport.

— Non, mais tu parles de quelque chose de huppé ! Ces deux gaillards-là