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les mémoires d’un soldat inconnu

quand même pour essayer de consoler dans la mort le bel adolescent que j’avais juré de protéger. J’ai failli à la tâche que je m’étais tracée, mais, pour avoir fait tout en mon possible pour le sauver des fureurs de la guerre, il vient à mon secours dans mon affaissement et, par lui, je le sens, les prières oubliées reviennent consolantes à mes lèvres.

***

Est-ce de la brisure de tout mon être ? Est-ce d’une blessure ? Je me meurs. Je me suis traîné hors du monticule boisé qui gardera dans ses mousses les ossements du bel adolescent ivre de vie.

Et moi, appuyé à un bosselage du sol, j’écoute décroître ma vie. Je souffre mais une lumière intérieure m’inonde. Je touche Dieu. Il est infiniment grand et me dépasse de toute son éternité, mais c’est moi-même que je reconnais dans cette partie de son souffle dont je suis l’image. Et, dans cette partie de ce souffle divin, je retrouve