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qui se jouait sur ses lèvres. Elle quitta son boudoir. Quelle force dirigea donc ses pas vers la bibliothèque, elle ne voulut pas se le demander, mais en voyant, les coussins désertés, elle éprouva une profonde déception.

— Paul est sorti, murmura-t-elle.

Elle entra au salon, et debout devant son piano, laissa errer ses doigts sur les touches d’ivoire, mais elle cessa son jeu et croisant, ses mains, elle se mit à regarder ardemment sa bague de fiançailles. Absorbée dans sa contemplation, Alix n’entendit pas marcher derrière elle, aussi un cri lui échappa-t-il lorsqu’une voix taquine prononça :

— À quoi songez-vous donc, ma petite dame…

Elle se retourna comme prise en faute.

Gilles, sans se faire annoncer était entré, et maintenant incliné devant sa sœur, il disait :

— Un sou pour vos pensées, argent comptant malgré la dureté des temps.

Alix sourit.

— Assieds-toi, enfant incorrigible, et garde ton argent.

— Je ne saurai pas ? À quoi songeais-tu, tout de même ?

— À rien…

— Un peu menteuse ?

Elle rougit légèrement.

— Je suis certain d’avoir dérangé ton colloque intime, Alix.

— Je t’assure.