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générale. À ces agapes, il ne manquait que Gilles, mais celui-ci arriva au moment où l’on désespérait de le voir apparaître. Il fut salué avec enthousiasme. En entrant dans le salon, où tous les invités étaient réunis, Gilles fit une révérence à l’antique, et jeta son chapeau sur un siège. Puis la bouche rieuse, il lança en faisant des liaisons désastreuses entre les mots :

— Comment allez-vous aimables gens de la docte compagnie ?

On se mit à rire.

— Eh bien, c’est ce que vous trouvez de mieux pour me recevoir, protesta-t-il drôlement scandalisé. Je m’en donnerai encore des tours de reins pour faire le gracieux, pour ce que ça rapporte.

— Mon Dieu, Gilles, sois donc convenable ! Si c’est ainsi que l’on entre dans un salon. Je ne t’ai pourtant pas élevé comme un page, gronda tante Eulalie.

Il s’approcha de la vieille demoiselle :

— Vous, ma tante, toutes mes excuses et mes hommages, là, à vos pieds, pêle-mêle.

— Gilles, tu es inconvenant !

— Et je finis par être tout à fait détestable en vous embrassant devant tout le monde. Voilà, c’est fait !

— Oh Gilles !

— Mais c’est permis… Et encore passez-vous la première. Alix vient en deuxième, voyez.

Et le turbulent garçon présenta pudiquement la joue à sa sœur. La jeune femme y appliqua un soufflet.

— Ah bien, c’est du nouveau ! Frapper au visage demande réparation, dit-il en empoignant Alix par la