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— Gilles, c’est monstrueux.

— Non ! Et j’aurai aussi du plaisir à casser quelques sceptres avec mon tisonnier.

— Mon cher, dit Paul, prends garde de tomber dans le mouvement anarchiste. Crime de haute trahison, on te jettera dans des oubliettes.

— Brrr… Prisonnier d’État ! On pourrait m’écarteler, m’empaler, me pendre haut et court ; ça porte à réfléchir…

— Fais attention aussi d’enlever la dame de quelque mousquetaire ombrageux, leur rapière répondra de l’affront, et la couleur sombre de ta peau pourrait s’étoiler de marques écarlates.

— Tu me fais peur ! J’ai presque envie de rester chez moi…

— Comment ? Poltron ?

— Ah que non. Je suis prêt pour l’aventure.

— Alors, j’assisterai à tes exploits. Et si le charbonnier a besoin de témoin pour les duels que je devine inévitables, compte sur moi. Mais comme tu ne pourras me reconnaître, quand tu seras tombé dans un guet-apens, imite le cri de l’engoulevent, et j’irai à ton secours.

— Bien choisi pour l’oiseau. Si je dois fermer les yeux avant que tu n’arrives, tu m’identifieras à mon bec ouvert.

— Si ce bal doit dégénérer en champ de bataille, remarqua Alix, je m’habille en infirmière.

— Je te le conseille, Alix.

— Là, là, là, s’écria tante Eulalie qui courait après ses idées, a-t-on jamais vu jeunesse plus folle ! je