Page:Brassard - Péché d'orgueil, 1935.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 182 —

vous prends tous à témoin. Cette jeunesse mérite la fessée.

— Vous avez la parole, tante Marie, dit Eustache, qu’en dites-vous ?

— Oh moi ! Placée au seuil de la jeunesse éternelle, je me range du côté de la jeunesse d’ici-bas, va sans dire : ne devons-nous pas nous soutenir entre jeunes ?

— Ceci vaut un baiser, dit Paul assis près de l’aimable vieille, et je vous le donne. Et vous, maman, ajouta-t-il, vous qui n’avez rien dit, je vous embrasse pareillement, car je vois dans vos beaux yeux où je sais si bien lire, que vous ne les condamnez pas ces jeunes écervelés.

— Je les adore, répondit Jeanne de sa voix douce.

— Alors c’est une ligue contre moi ! s’écria mademoiselle Eulalie, en se levant. Du moins vous, monsieur Étienne Bordier qui avez mené une vie sérieuse, vous allez être de mon avis. Quand je dis jeunesse folle, je me sers d’une expression trop faible mais elle est fantasque ! ne doute de rien ! et nous mène par le bout du nez.

— Moi, mademoiselle, je suis comme ma cousine Jeanne, notre jeunesse, je l’adore. Oh, je conviens avec vous qu’elle est bien un peu folle, mais en l’appelant ainsi, n’est-ce pas pour nous venger de ce qu’elle nous traite parfois de vieux fous ?

— Eh bien, fit mademoiselle Eulalie en souriant, je dois abattre pavillon, mais comme représaille, j’emmène ma nièce avec moi pour quinze jours, avec la permission de son mari, cependant.