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— Cette demande ! mais monsieur que voici ! Assis-toi Gilles, que je te lance mon grappin d’abordage.

Et toisant le jeune homme :

— Toi, pourquoi ne travailles-tu pas, fainéant ?

— Par esprit de sacrifice pour toi.

— Hein !

— Eh oui, que deviendrais-tu sans moi ? plus de danseur qui te convienne, plus de partenaire au bridge, plus personne pour te chamailler…

— Vanité masculine, monsieur se croit indispensable. Sache jeune freluquet, que j’ai dansé cette semaine, et divinement, sans le secours de ton élégante personne. Pour le reste, hum ! ne t’inquiète pas. D’abord aux cartes tu triches sans vergogne comme…

— Comme une femme sur son âge ?

— Tu triches en homme que tu es !

— Mais, mes intentions sont bonnes, je force la chance au jeu pour t’empêcher de perdre, et t’éviter des colères, je veux sauver ton âme, moi…

— Tu es suave…

— À propos, avec qui as-tu dansé cette semaine ?

— Ça te chiffonne ? Apprends que Gaston Bendel est celui dont les pas gracieux ont accompagné les miens.

La pétulante Béatrice se leva, et fit un tour de danse, un coussin dans les bras.

Gilles se mit à rire, à gorge déployée. Béatrice s’arrêta, et sévère :

— Dis donc, toi, as-tu quelque chose de brisé ?

— Je le crains, et c’est de ta faute.