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— Ayez confiance, Paul est homme à tout pardonner.

— Mais il y a des mots si durs. Vous a-t-il raconté la scène du boudoir ?

— Non, Alix.

— Noble cœur…

— Et je crois que mon fils a rencontré l’âme sœur de la sienne…

— Oh, j’en doute, il y a des distances épouvantables…

— Il y a un sentiment qui ne connaît pas d’obstacles…

— Mais bien des causes peuvent le tuer.

— Ce qui paraît mort n’est souvent que terrassé ; on ne doit désespérer de rien. Aimez Alix, tout deviendra facile…

Elle baissa la tête pour cacher ses larmes. Pouvait-elle aimer à un plus haut degré ? Et cependant elle allait vers Paul, bien décidée à lui cacher son amour. Le plan de la jeune femme consistait à proposer à son mari d’établir leur foyer sur une base familiale. N’était-ce pas le parti le plus sage ? Les enfants défendraient le père contre les attaques du genre de celles de madame Lebrun. Oh cette femme ! elle avait hanté son esprit jusqu’à la torture durant cet interminable hiver. Plus d’une fois, Alix pour se calmer fut sur le point d’aller trouver son mari afin de le supplier de croire en son cœur ; mais toujours, fatalement, sur le point de partir, lui arrivait la lettre correcte de Paul qui la rejetait dans le trouble et l’incertitude. Elle finit par croire qu’elle devenait tout à