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— C’est plus qu’il n’est nécessaire pour ancrer au cœur des marins la certitude que les sirènes existent, fit Gilles.

— Seulement, vos exclamations déplacées en jetant une note humaine dans mon chant divin, ont dû semer le doute au sein des équipages. Vous avez causé un beau gâchis ! Déguerpissons avant que n’arrive quelque divinité aquatique courroucée.

Mademoiselle Vilet et Gilles partirent en courant. Alix et Étienne Bordier suivaient à distance.

— Quelle heureux caractère a cette jeune fille, fit Alix.

— Belle et riche nature.

— Je souhaite que rien ne vienne l’entraver.

— Nous avons beaucoup de ressources en nous pour combattre les difficultés, dit Étienne tendrement, cependant il y en a qui ne semblent pas vouloir exploiter ces trésors, faute de confiance en eux ou envers les autres.

— Le rendement entrevu peut décourager parfois.

— Il ne faut pas perdre confiance lorsque les ouvriers sont jeunes.

Étienne Bordier et Alix firent quelques pas en silence.

— Paul vous a-t-il dit à quel point j’avais brisé sa vie, articula péniblement la jeune femme ?

— Mon fils m’a parlé du chagrin de sa vie comme d’une chose qu’il voulait essayer d’oublier.

— Puisse-t-il y réussir ; bien des souvenirs pénibles pour lui disparaîtraient en même temps.