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en l’avenir Étienne la reçut avant son départ du Nord. Pour l’ingénieur, les nouvelles de sa femme étaient donc récentes.

En sautant lestement par terre, Étienne dit au chauffeur :

— Mettez votre voiture dans la remise, et attendez une accalmie pour retourner. Je reviendrai tout à l’heure vous aider à décharger mes malles.

Puis ne faisant qu’un bond jusqu’à la porte, il frappa joyeusement.

Le bruit réveilla le vieux Joachim assoupi dans son fauteuil. Il dressa l’oreille et un rictus retroussa ses lèvres, car il avait reconnu la voix du mari de sa nièce qui disait :

— Ouvrez, oncle Joachim, c’est moi.

— Hé, Étienne Bordier qui m’arrive. Je vais me délecter, j’ai des nouvelles importantes à lui apprendre à ce garçon-là.

Et il introduit le voyageur.

Étienne entra, ruisselant. Tout à la joie du retour, il ne remarqua pas le désordre de la pièce et le silence de la maison ne le frappa point. Il serra vigoureusement les mains du vieillard, et s’écria ému :

— Oncle Joachim, je suis heureux de vous voir.

Et s’élançant vers l’escalier conduisant à l’étage supérieur, il jeta, une main sur la rampe :

— Oncle Joachim, Gilberte est dans sa chambre ?

— Gilberte est morte ! lança le vieux, la voix coupante.

La brutalité de ces paroles fut telle, qu’Étienne crut que sa question n’avait pas été comprise. Il s’immobilisa, et reprit :