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— Que dites-vous ? Je vous ai demandé où était Gilberte.

— Hé, où elle est ?… Au cimetière, puisqu’elle est morte.

— Morte ? morte ? vous dites que Gilberte est morte ? Vous êtes fou… votre farce est macabre… allons donc…

Le jeune homme remarqua alors le désordre de l’appartement, les rideaux mal drapés, les pots de fleurs desséchées sur le rebord des fenêtres. Une douleur atroce le transperça ; il se tordit les mains et les élevant implorant, il cria :

— Oncle Joachim, par pitié, dites que Gilberte est partie, mais qu’elle n’est pas morte… Oh, non, non ! Pas cette horrible chose !

— Vous ne voulez pas me croire, fit le vieux, en fixant ses yeux devenus de braise sur le mari de la disparue, attendez, je vais vous convaincre.

Il se leva, alla à une armoire qu’il ouvrit avec une lenteur calculée, en sortit une liasse de papiers qu’il tendit au mari de Gilberte.

— Voici le certificat du décès de votre femme, et le reçu du coût de son enterrement. J’ai payé toutes les dépenses des funérailles, vous voudrez bien me les rembourser.

Étienne eut un tremblement convulsif de tout son être en prenant les documents. En y jetant la vue, sa figure se décomposa. Il chancela et dut se retenir à un meuble pour ne pas tomber.

Le vieux Joachim regarda le spectacle pitoyable qu’offrait le malheureux, et marmotta entre ses dents :