Page:Brifaut - Le Droit de vie et de mort, 1829.djvu/33

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Des humains !… Malheureux ! quittez ce nom sacré ;
En vous assassinant vous l’avez abjuré.
La bataille a cessé, le canon se repose.
Au milieu des deux camps la Mort fait une pause,
Et, lasse de frapper, de son bras languissant
Laisse tomber sa faulx, ruisselante de sang.
Les vainqueurs, les vaincus ont fui, comme des ombres
Qui craignent d’habiter de funèbres décombres.
De plaintes, de soupirs, à peine un faible bruit
De mourants en mourants circule et nous conduit.
Oh ! s’il reparaissait dans ces plaines livides,
Celui dont la fureur dicta tant d’homicides,
Celui que ses soldats parent du nom de Grand ;
S’il voyait, aux clartés de ce jour expirant,
Se relever soudain, avec un bruit terrible,
Tous ces pâles débris, tout ce peuple insensible
De cadavres guerriers qui, sur la poudre épars,
Ne forment plus de rangs, n’ouvrent plus d’étendards ;
Oh ! qu’il se troublerait à leurs sanglants reproches !
Rends-moi, lui dirait l’un, à l’amour de mes proches,
Au foyer paternel d’où tu vins m’arracher.
Pourquoi, lui dirait l’autre, en tes camps m’attacher ?
J’étais tranquille, heureux à côté d’une épouse.
De ma félicité ta cruauté jalouse