Page:Brisson - La Comédie littéraire, 1895.djvu/353

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prêter le sens philosophique des fleurs. Je ne crois pas que l’on puisse aller plus loin dans l’extravagance.


Le lampyre, d’une humble prudence d’amour, gaze sa verte lueur et continue une veillée incertaine dans la verdure qui dort.
La fleur de l’hortensia, par sa nuance d’anémie azurée ou rosée ou toute décolorée, bégaye et subtilise une voltigeante innocence.
La pensée étale dans son velours comme une figure de fétiche mauvaise.
Par ce jour de pluie fine se ménageant, les feuilles humides, qui tapissent la terre dans les bois, ont des diversités infidèlement inclinantes à une ténèbre non confuse. Leurs verts à imperceptibles glaçures violettes avivent, avec une ironie cérémonieuse, de terrifiants remords. Ils se rencontrent, ces verts et ces violets, en un bleu hyménée funèbre.


De ces niaiseries, qui eussent fait pâmer d’aise Cathos et Madelon, faut-il conclure que M. Francis Poictevin est un fumiste et qu’il est dénué de toute valeur ? Je n’irai pas jusque-là. M. Francis Poictevin a des nerfs extrêmement délicats, une perception très aiguisée. Il voit dans la nature, ce que d’autres ne voient pas ou voient moins bien, et il traduit quelquefois ce qu’il a vu d’une façon heureuse. Il s’applique, comme tant d’écrivains de la jeune génération, à fixer l’insaisissable, à exprimer ce qui ne s’exprime pas, à noter les nuances fugitives de la