Page:Brisson - Pointes sèches, 1898.djvu/185

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d’éloquence et de couleur, tels par exemple que le Vieux Lapin, qui est un des petits morceaux les plus achevés de notre langue…

Depuis la Chanson des Gueux, M. Jean Richepin n’a cessé de produire. Il s’est essayé dans tous les genres, dans le roman, dans la nouvelle ; il a composé des drames pour Mme Sarah Bernhardt et pour M. Mounet-Sully ; il a prouvé sa fécondité par une abondance extraordinaire : ses ouvrages se succèdent sans interruption et l’un n’attendant pas l’autre. Et dans tous, nous remarquons, à peu de chose près, les mêmes idées diversement exprimées… Elles ne sont pas très nombreuses. Nana Sahib expose la lutte du patriotisme contre l’usurpation de la conquête. La Glu, c’est la revanche de l’instinct contre la corruption raffinée. Par le Glaive nous donne un tableau éclatant des exactions commises par un tyranneau et l’effort héroïque tenté pour s’en délivrer. Le Chemineau est l’exaltation de la vie errante. Il n’est pas jusqu’à cette pièce manquée, Vers la Joie, qui ne renferme quelque chose de semblable : l’apologie des lois naturelles par opposition aux lois écrites.

Voilà pour le théâtre et le roman. Si nous passons aux vers, nous y trouverons des développements proches de ceux-là, mais ennoblis et adoucis par un profond sentiment de la poésie rustique. M. Jean Richepin adore les champs, les bois et surtout la mer ; il en rend avec une énergie et une couleur sans pareilles la physionomie. Et quoique sa verve