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PHILOSOPHIE ANCIENNE

1. Εἰ τὸ πρῶτον, τὸ δεύτερον· τὸ δέ γε πρῶτον· τὸ ἄρα δεύτερον. 2. Et τὸ πρῶτον, τὸ δεύτερον· οὐχὶ δέ γε τὸ δεύτερον· οὐκ ἄρα τὸ πρῶτον. 3. Οὐχὶ καὶ τὸ πρῶτον καὶ τὸ δεύτερον· τὸ δέ γε πρῶτον· οὐκ ἄρα τὸ δεύτερον. — 4. Ἤτοι τὸ πρῶτον ἢ τὸ δεύτερον· ἀλλὰ μὴν τὸ πρῶτον· οὐκ ἄρα τὸ δεύτερον. — 5. Ἤτοι τὸ πρῶτον ἢ τὸ δεύτερον· οὐχὶ δὲ τὸ δεύτερον· πρῶτον ἄρα ἐστίν. — À la vérité, la réduction des syllogismes complexes à leurs formes simples, l’analyse, comme on l’appelait, n’était pas toujours aisée. On en a la preuve dans le long exemple que Sextus (M., VIII, 234-244) reproduit d’après Énésidème, et où manifestement le sceptique s’amuse à reproduire les subtilités stoïciennes. Si nous possédions les écrits perdus des stoïciens, nous aurions probablement d’autres exemples analogues. Nous y verrions qu’il y avait place aussi dans cette logique pour de vaines recherches, comme dans l’autre, qu’on savait aussi y perdre son temps, qu’elle pouvait, elle aussi, donner naissance à une scolastique. Mais encore faut-il reconnaître que la logique ainsi conçue n’est pas, comme on l’a dit tant de fois, une simplification de celle d’Aristote. Elle est autre chose. Elle est orientée dans une autre direction : elle est animée d’un autre esprit.

C’est ce qu’on voit plus clairement encore peut-être si on cherche à résoudre la question, difficile en tout système de logique, de savoir sur quel principe repose le raisonnement syllogistique. Il ne peut être ici question du dictum de omni et nullo ; et pas davantage de la contenance des termes, s’enveloppant les uns dans les autres ; ou de la convenance des termes s’appliquant les uns aux autres. Le principe de la logique des stoïciens, c’est que si une chose présente toujours certaine qualité ou certain groupe de qualités, elle présentera aussi la qualité ou les qualités qui coexistent toujours avec les premières : ou, comme on disait au moyen âge, nota notae est nota rei ipsius. Le mot qui exprime la relation du sujet et de l’attribut n’est plus ὑπάρχει ou ἔνεστι : c’est ἀκολουθεῖ ou ἕπεται. — Un rapport de succession constante ou de coexistence est substitué à cette existence substantielle, impliquant l’idée d’entités éternelles et immuables, admise par tous les socratiques. En d’autres termes, l’idée de loi remplace l’idée d’essence. Nous trouvons presque la formule moderne de l’uniformité du cours de la nature. En faisant table rase de