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de l’erreur

ton ait tenté pour établir définitivement sa doctrine.


1. — Dans la discussion du Théétète, cinq solutions du problème de l’erreur sont tour à tour proposées et écartées par Socrate.

Socrate commence par poser ce principe, qu’il n’y a pas de milieu entre savoir et ignorer, qu’il faut considérer ces termes comme absolument contraires l’un à l’autre. Ce principe était admis sans difficulté, non seulement par les sophistes, mais par tous les philosophes antérieurs à Platon. — Socrate pourtant ne l’adopte que provisoirement : il lui servira à repousser les trois premières explications de l’erreur : et toutes les difficultés, amassées comme à plaisir dans le Théétète auront pour but de nous préparer à l’abandonner définitivement.

1o L’erreur ne peut consister à prendre une chose qu’on sait pour une chose qu’on sait, car celui qui se trompe, se représentant ce qu’il pense autrement qu’il n’est, ne le connaît pas absolument. Elle ne consiste pas non plus à prendre ce qu’on ne sait pas pour ce qu’on ne sait pas, car de deux ignorances on ne saurait faire une pensée. On ne se trompe pas non plus en prenant ce qu’on sait pour ce qu’on ignore, ou ce qu’on ignore pour ce qu’on sait, puisque ignorer c’est, par définition, n’avoir aucune représentation d’une chose.

2o Dira-t-on, passant de l’ordre de la connaissance