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III

« Il n’y eut, dit-il, ni plus ni moins d’ivrognes sous la Commune, que lorsque les grands restaurants de nuits sont ouverts… Vers ce Montmartre où la boutique du liquoriste n’alterne que trop avec celle du marchand de vin, et où m’appelait souvent mon service de nuit, il ne m’arriva pas une seule fois de rencontrer dans mon trajet l’ivrogne coutumier, non plus que la fille errante. Il nous fut alors donné, à nous et à tous autres, de voir ce que nous avons de nos yeux vu, l’insupposable, l’inoubliable spectacle de Paris — sans gaz comme sans police, sobre et chaste[1]. »

Un homme dont le témoignage n’est pas moins précieux, le Dr J. Bach, ancien chirurgien des bataillons de la garde nationale, écrivait lui-même, peu de temps après Nadar.

« Du 2 avril à la fin de la décade sanglante, j’ai été constamment en contact avec les fédérés et principalement avec les Marins de la Commune, et je puis affirmer qu’au point de vue de l’abus des boissons alcooliques, je n’ai rien observé de particulier… L’influence de l’alcoolisme sur l’état moral de la population qui défendait Paris au nom d’un gouvernement régulièrement élu, n’est qu’une légende inventée pour atténuer l’horreur des massacres commis par les gens dits de l’ordre. — absolument comme le pillage organisé et les incendies au pétrole. »

Quant à moi, je m’étonnais seulement que le fédéré réduit pour vivre aux trente sous de sa solde, les bût

  1. Voir Chronique Médicale des 15 décembre 1901,15 janvier, 1er février, 15 mars 1902