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SIXIÈME PARTIE

ancien patron qui demeure toujours rue St-Martin 182, qu’il lui garde un bon souvenir et qu’il est tout disposé à lui donner un certificat s’il en a besoin. C’est le seul mensonge que j’ai fait dans le cours des évènements, il avait bien sa raison d’être ; il ne pouvait nuire à personne, mais au contraire être utile à mon mari.

Comme la religieuse des Misérables, je faisais un pieux mensonge.


FRAGMENTS DE LETTRES.
Cherbourg, 4 août 1871.
Chère belle-maman,

Je serais très content si mon patron veut bien me faire un certificat, constatant le temps que j’ai travaillé pour lui jusqu’au moment de la guerre, cela me serait très utile. Depuis quelques jours il y a des départs. Mon tour viendra bientôt, je l’espère. Dites à ma sœur Désirée que je n’aspire qu’à regagner Paris.

Merci de votre lettre, elle me tranquillise puisque vous avez du travail. Etc.

Cherbourg, 18 août 1871.
Chère sœur,

Envoie-moi au plus vite les certificats et quittances que je t’ai demandés.

Depuis quelques jours je suis très malade, je mange à peine. Nous sommes si malheureux. Un de mes camarades fait tout son possible pour moi, mais nous n’avons rien à notre disposition, l’instruction continue toujours faiblement ; j’attends mon tour de jour en jour, etc.

Cherbourg, 31 août 1871.
Chère sœur,

J’ai bien reçu les notes et les certificats que tu m’as envoyés, mais cela ne m’a pas servi. J’ai subi un interrogatoire, nous paraissions d’accord avec le capitaine. Mais je ne sais rien quant au résultat, etc,