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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Cherbourg, 11 novembre 1871.
Chère sœur,

Je m’empresse de t’écrire avant ta réponse, je viens d’apprendre qu’il est facile d’avoir sa liberté en se faisant réclamer par son ancien patron à l’autorité militaire. Prie M. Noël d’adresser un certificat et sa demande à M. Gaillard, lieutenant-colonel, prévost de la justice militaire (Versailles).

Je compte sur toi, chère sœur, pour toutes ces démarches. Réponse pour mercredi ou jeudi prochain, etc.

Cherbourg, 17 novembre 1871.
Chère sœur,

Merci des certificats. J’espère que d’ici quelques jours j’aurai une bonne solution. Je te les renvoie, je préfère que tu les gardes, pour les faire parvenir en son temps

Cherbourg, 28 décembre 1871.
Chère belle-maman et chère sœur,

Je suis très heureux que mon ancien garçon, Adrien Broullé ait été acquitté et qu’il soit allé vous voir, cela me donne bon espoir.

Il y a juste aujourd’hui une année, que j’ai été pris les armes à la main pour avoir défendu mon pays. Mais c’était par les étrangers.

En ce moment je suis encore prisonnier, cependant, je n’ai pas pris les armes. C’est sans doute pour avoir resté dans mon lit, malade assez longtemps, et supporté des souffrances terribles, desquelles je me ressens encore par les grands froids, sur les pontons, ayant eu déjà les pieds gelés en Crimée.

Mon pays ne m’en est guère reconnaissant, etc.

M. Noël me laissait libre de m’occuper de mes affaires ; en veillant le soir je remplaçais mon temps perdu.

J’ai donc fait toutes les démarches nécessaires pour obtenir des certificats, justifiant l’honorabilité de mon mari. J’allai chez M. Tholin avocat, rue Germain Pillon, lequel avait été capitaine des Francs Tireurs dans l’armée de la Loire, avec lequel mon mari avait fait la