Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/11

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promenade, je remarquai dans la chambre où je couchais un changement fort inattendu. À côté de mon lit, dans la grande alcôve, se trouvait un petit lit tout blanc ; près de ma grande commode en acajou, figurait pour la première fois une petite commode en bois de rose.

En descendant pour dîner, j’eus l’explication du mystère ; j’allais avoir pour compagne l’enfant d’un parent éloigné de mistress Graham, une petite fille qui venait de perdre sa mère ; mais, à ce que ma marraine donnait à entendre, cette perte n’était pas aussi grande qu’on aurait pu se l’imaginer. Si mistress Home, ainsi se nommait la défunte, passait pour une très-jolie femme, on la citait également pour son étourderie et son insouciance. Elle s’occupait fort peu de sa fille et rendait son mari malheureux. Une séparation volontaire s’en était suivie, et peu de temps après, mistress Home avait attrapé, au sortir d’un bal, la fluxion de poitrine qui l’avait enlevée. M. Home, homme d’une grande sensibilité, frappé par la soudaineté de cette mort, ne pouvait se persuader qu’il en était complétement innocent. Il se reprochait d’avoir au moins manqué d’indulgence, et il s’affectait tellement de cette idée que sa santé s’altérait de plus en plus. Les médecins avaient fini par lui conseiller un voyage sur le continent ; dé-