Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/16

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disposé ses oreillers de manière à se tenir assise dans son lit. Ses deux mains, placées l’une dans l’autre, reposaient sur la couverture avec un air de gravité calme vraiment singulier dans un si jeune enfant. Je m’abstins d’abord de lui parler ; mais au moment d’éteindre la lumière, je lui conseillai de se coucher tout à fait.

— Tout à l’heure, fut sa réponse.

— Mais vous allez vous refroidir, missy.

Elle prit son petit châle, placé sur la chaise à côté du lit, en couvrit ses épaules et resta assise. Je la laissai faire ce qui lui plaisait ; mais, prêtant l’oreille, j’entendis qu’elle pleurait encore, de manière à faire le moins de bruit possible. Le lendemain, Henriette en l’habillant lui annonça qu’elle devait la quitter pour quelques jours. Sa famille habitait le voisinage ; elle avait obtenu de M. Home la permission d’aller la voir.

— Cette demoiselle vous habillera en mon absence.

— Non ; je m’habillerai toute seule.

Mon rôle devenait naturellement passif. En entrant dans la salle à manger à l’heure du déjeuner, je trouvai Polly assise à côté de mistress Graham, avec une tasse de lait devant elle et une rôtie à la main… mais la main ne quittait pas la nappe.