Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les maladies épidémiques ont souvent pour précurseurs un vent d’est qui pleure, sanglote et se lamente comme un être humain. De là, sans doute, l’origine de la célèbre légende des Banshies d’Irlande. Sans être assez savante pour signaler des rapports précis entre ces phénomènes, j’avais aussi remarqué qu’on en tendait d’ordinaire parler, vers la même époque, d’éruptions volcaniques, de tremblements ! de terre, de débordements de fleuves, de ravages produits sur les côtes par des marées d’une élévation prodigieuse. Dans ces convulsions de la nature, l’air infecté de miasmes étouffants, devient un poison pour les organisations faibles, et le sol est bientôt jonché de feuilles détachées de l’arbre de ta vie.

J’écoutais donc les lamentations du vent et tremblais moi-même comme une feuille : miss Marchmont sommeillait.

Vers minuit, l’ouragan s’apaisa et le vent se tut. Le feu, qui s’était assoupi, se ranima soudain. Je sentis l’air changer et devenir plus vif : je levai la persienne et le rideau ; les étoiles scintillaient dans un azur aussi transparent, qu’un jour de gelée.

En me retournant, je vis miss Marchmont éveillée. Elle avait soulevé sa fête sur son oreiller et me, regardait avec une fixité de regard inaccoutumée.