Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La passagère, accompagnée par le monsieur comme il faut, était une jolie et blonde enfant. Une robe de calicot imprimé, un chapeau de paille sans ornement, un grand chale gracieusement porté, composaient sa toilette d’une simplicité digne d’une quakeresse et qui lui allait fort bien. Avant de la quitter ; car il l’accompagnait seulement jusqu’au bateau, le monsieur promena un regard scrutateur sur les autres passagers, comme s’il cherchait une compagnie à sa protégée. Détournant bientôt les yeux du groupe des Watson avec une expression de répugnance, il les reporta sur moi et adressa quelques mots à sa fille, sa nièce, sa parente ou sa pupille. À son tour, celle-ci regarda de mon côté, en plissant légèrement le coin de sa jolie bouche. Était-ce ma personne même ou mon humble habillement de deuil qui provoquait cette petite moue dédaigneuse ? Fort probablement l’un et l’autre : La cloché sonna ; son père, je sus plus tard que c’était son père, l’embrassa et retourna à terre ; le paquebot partit.

Il n’y a que les jeunes Anglaises qui osent voyager toutes seules, » disent les étrangers, et ils s’étonnent encore plus de la confiance des parents et des tuteurs que du sang-froid de ees demoiselles errantes et de leur aplomb masculin. Ils blâment à l’envi un système d’é-