Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/55

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ducation par lequel on se dispense de cette surveillance maternelle de tous les instants, qui, sur le continent, commence pour ainsi dire au berceau et n’abdique que le jour du mariage. Ma jeune compagne de voyage avait-elle spécialement besoin d’un chaperon ? Je l’ignore ou plutôt je l’ignorais alors ; la solitude, en tous les cas, ne semblait pas être de son goût. Après avoir deux ou trois fois parcouru le pont dans toute sa longueur, elle regarda d’un air ironique les robes de soie, les mantes de velours, les chapeaux chargés de fleurs, les deux ours mal léchés qui accompagnaient ces élégantes hors de saison, et, se rapprochant soudain de moi :

— Aimez-vous à voyager sur mer ? me dit-elle.

Je lui répondis que j’en étais à ma première expérience.

— En vérité, c’est charmant ! s’écria-t-elle. Combien je vous envie ! Les premières impressions sont toujours les plus vives. Rien de tel que la nouveauté. J’ai tant de fois déjà traversé la mer, que je suis blasée sur tout cela.

Je ne pus m’empêcher de sourire.

— Est-ce de moi que vous riez ? reprit-elle d’un air naïvement étonné qui me plut mieux que son babil.