Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/60

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équipage ; tout le monde trouve ma sœur Augusta très-heureuse ; mes autres sœurs l’envient. Moi, je ne vois pas pourquoi, sans être une riche héritière, on ne pourrait plaire à un homme jeune, beau, et riche par-dessus le marché. Vous êtes donc forcée de gagner votre vie ? Comment comptez-vous le faire ? Vous êtes, cela va sans dire, accomplie en toutes choses, de première force sur le piano et le chant ? Vous parlez trois ou quatre langues ?

— Moi ! je ne suis pas même musicienne et je ne parle que l’anglais.

— Si, si vous êtes mme savante ! j’en suis certaine.

Et après une pause et un bâillement d’ennui :

— Êtes-vous sujette au mal de mer ?

— Comment le saurais-je ? Et vous, en souffrez-vous ?

— Immensément et dès qu’on arrive en vue de la mer. Venez, je me sens déjà mal à l’aise. Je vais descendre et donner de l’occupation à cette grande femme qui fait tant d’embarras dans la cabine des dames. Je sais faire aller mon monde.

Les autres passagers ne tardèrent pas à suivre miss Genevra. Je restai sur le pont jusqu’au delà de Margate, respirant avec délices la brise fraîchissante ; contemplant d’un oeil ravi les grandes vagues du détroit, les