Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/61

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oiseaux qui les rasaient de leurs ailes ou plongeaient dans leurs sillons liquides, les voiles blanches-apparaissant dans le lointain, les nuages voguant dans le ciel comme nous voguions sur la mer. Ma rêverie et ma contemplation furent malheureusement interrompues par le mal de mer. À mon tour, je me réfugiai dans la cabine, où j’avais pour voisine miss Genevra qui me tourmenta par ses lamentations égoïstes pendant notre mutuelle détresse. Il est vrai que la mère du stewart montrait une partialité révoltante pour les Watson et ne voyait qu’elles ; mais les Watson elles-mêmes, qui souffraient beaucoup, semblaient des stoïciennes comparativement à miss Genevra. Cette dernière était de ces personnes d’humeur légère, insouciante dans les heures de bien-être, qui ne savent rien endurer, et dont le caractère s’aigrit dans les temps contraires comme la petite bière dans l’orage. L’homme qui épouse une pareille femme doit pouvoir lui garantir des jours sans nuages. Je finis par dire à miss Genevra que le silence serait peut-être le meilleur moyen de calmer ses douleurs ; elle comprit et ne me garda pas rancune, mais l’instant d’après ses lamentations redoublèrent.

La nuit commençait à s’étendre sur la mer, de plus en plus houleuse ; de grandes vagues