Page:Bruchesi - Coups d'ailes, 1922.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
coups d’ailes


Rudes gars pleins de foi, marins depuis toujours
Qui couraient l’océan sur les barques légères,
Penchés dessus le flot bleu comme leurs amours :
Ils dorment là, les fils à côté de leurs pères.

Plusieurs y sont couchés depuis cent cinquante ans,
Chassés de la patrie où riait leur enfance :
Ce sont les doux martyrs des grands « dérangements »
Qui gardaient en leurs yeux un reste de souffrance.

Avec les jours, bien des noms se sont effacés,
Et sous le vent les croix ont incliné leurs têtes.
Les mouettes qui n’ont point peur des trépassés
Viennent souvent s’y mettre à l’abri des tempêtes.

Et c’est ainsi que tous, pêcheurs jeunes et vieux,
Ils reposent ayant, comme un mât de misaine,
À leur tête, la croix, et la mer devant eux,
Sous un ciel azuré, dans une île lointaine…


Iles de la Madeleine.