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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

les servantes et les serviteurs, elle implore l’autre dieu, le sien. Ils crient superbement : « Phoïbos ! Phoïbos ! apparais ! » Alors, sur la dune, en une rougeur qui devient une clarté, un être surnaturel se dresse. Vêtu de blanc, il lève aux cieux, dans la lumière, une croix formée de deux branches d’arbre. Et la voix austère, impérieuse et consolatrice du Catéchiste, sans orchestre, seule, immense, liturgique, plane. Dès qu’elle s’arrête, retentit, en l’enthousiasme instrumental, le thème mystique de la religion nouvelle. Le noble motif d’Apollon, très développé dans la scène précédente, s’y mêle et indique déjà le dénouement du drame : renonciation de toutes les haines devant l’amour et la mort, soumission de toutes les croyances à la loi d’hyménée.

Les païens insultent le chrétien et le veulent chasser et celui-ci chante une phrase de souveraine magnificence. Longue, longue, calme et douce et sévère à la fois, à peine modulante, cette phrase semble s’étendre sur le monde entier pour le salut des pécheurs.

À qui le sert, Dieu apporte la guérison. Thanastô sera délivrée de son mal si Briséis se voue au baptême et devient l’épouse du Christ. Et la mère, demi-morte, impitoyablement, donne à Jésus sa fille. Celle-ci a disposé de ses jours. Elle supplie en vain, il faut obéir et, après que Tha-