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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

riage avec Jean et la réconciliation générale.

L’amusement, c’est l’orchestre qui nous le donne dans les parties scéniques, vivantes, où le compositeur a mis autant de fantaisie, de laisser-aller, de grâce que de fermeté. Cet orchestre qui rit, qui se moque, qui chante, empruntant parfois au vieil Haydn ses claires sonorités de cordes, pastichant ça et là, par l’écriture des bois, les musettes de nos anciens maîtres, s’attendrissant à de jolies naïvetés, se risquant, en des farces de trombones, à de grosses gamineries, développant, rappelant, transformant les motifs de l’ouvrage, cet orchestre, tantôt très classique, tantôt très libre, tantôt très poétique, tantôt très familier, cet orchestre d’incomparable solidité est, aux passages d’action ou de sentiment, une merveille. Aux endroits de pure chorégraphie, alors que des airs de ballet succèdent à la musique d’une action mimée, nous ne devons plus l’amusement qu’au talent des danseuses. Et, sans que notre plaisir, si vif, soit gâté, nous ne pouvons nous défendre du petit regret que M. Saint-Saëns n’ait pas renouvelé davantage, au moyen de la symphonie, dont il est le roi à cette heure, le traditionnel « divertissement », n’ait employé ce moyen qu’en certaines pages — par bonheur, les plus nombreuses — de sa partition, n’ait pas carrément