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TRISTAN ET ISEULT

en l’ineffable chant d’extase qui élargit splendidement l’Hymne à la Mort, Iseult s’unit pour toujours à Tristan et va le rejoindre au pays mystérieux des éternelles délices.

On a réservé de longues et légitimes ovations à Charles Lamoureux, content que l’on était du retour au pupitre (retour, hélas ! si proche du définitif départ) de celui à qui est dû, en grande partie, le triomphe, chez nous, de la pensée nouvelle. Des wagnériens fervents n’ont cessé d’objecter, à la représentation d’œuvres si exceptionnelles l’impossibilité où se trouve un simple chef d’orchestre de pénétrer la splendeur de ces œuvres. Selon eux, il faudrait, pour en diriger dignement l’exécution, un artiste qui fût à la fois un musicien et un poète, puisque là, musique et poésie forment un tout. Avec la rude ténacité, le ferme entêtement, la foi courageuse que l’on sait, Lamoureux a réfuté cette opinion, Jamais, en effet, la précision, la perfection n’ont été poussées plus loin que dans la mise au point de ces trois actes, n’ont déterminé une poussée de vie plus intense et plus magnifique. Ce qui me réjouit, c’est que la bonne justice ait permis à l’homme qui, par la victoire de Lohengrin, a ouvert une route, d’en ouvrir une autre par le superbe succès de Tristan et Iseult. Car