Page:Bruneau - Musiques d’hier et de demain, 1900.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
IPHIGÉNIE EN TAURIDE

va les réunir à jamais. Et ils se révoltent contre ceux qui veulent les séparer. Resté seul, tandis que l’orchestre bondit en gammes éperdues, Oreste supplie le Destin de l’écraser. Un grand silence et tout semble tranquille. « Le calme rentre dans mon cœur », dit le malheureux, et une note obstinée des altos ne cesse, tragiquement agitée, de lui donner un démenti. Il s’endort, et, dans l’éclat terrifiant des trombones, lui apparaissent les tourmenteuses Euménides, vengeresses de sa mère, qu’il a assassinée. Il se réveille et se trouve en face d’Iphigénie qu’entourent les jeunes Grecques, ses compagnes. Elle interroge Oreste et apprend la longue série de crimes où ont péri les siens. Aux authentiques malheurs l’errant ajoute l’irréalité de sa propre fin. La longue déploration d’Iphigénie, traversée par une poignante mélodie de hautbois, s’achève en un cri douloureux que répète le chœur, et alors commence une sorte de cérémonie funèbre de beauté divine. Gravement les cordes exposent un thème tantôt majeur, tantôt mineur, tantôt désolé, tantôt résigné, que les prêtresses reprennent et qu’Iphigénie redit à son tour. Rien ne saurait exprimer le sentiment virginal de cette scène sublime.

Le troisième acte est consacré au débat entre Oreste et Pylade. Chacun d’eux veut, par sa mort