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IPHIGÉNIE EN TAURIDE

que les vrais chefs-d’œuvre puissent jamais vieillir. Si les musiques amoureuses de Tristan et d’iseult sont destinées à braver les ans, les mélodies amicales et fraternelles d’Oreste et de Pylade traverseront les siècles comme l’expression la plus haute de la bonté, de la générosité humaines. |Si les ondes sonores de la Tétralogie doivent emporter vers les cimes, d’âge en âge, dans l’ivresse du vertige, les êtres d’intelligence et de cœur, le beau fleuve instrumental, calme, large et profond d’Iphigénie en Tauride coulera toujours entre des rives fortunées, fertilisera sans cesse des terres heureuses. En remontant à sa source claire, c’est la vie que l’on trouvera, la vie de notre âme, de notre esprit, de notre pays.

Voilà pourquoi je garde une joie de cette reprise qui, malgré l’insuffisance souvent fâcheuse de la mise en scène, des ballets, des décors et des costumes, a été triomphale. Quand Iphigénie rentrera à l’Opéra, le spectacle sera sans doute digne de l’œuvre. Car la représentation dont je viens de parler crée des devoirs auxquels il sera difficile de se soustraire. Le petit Théâtre lyrique de la Renaissance n’en aura eu que plus de mérite à avoir donné l’exemple.