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THAÏS

Mais cette recherche évidente des mêmes types, cette volonté de les associer presque constamment à une pareille action dramatique n’exclut pas en M. Massenet le désir de varier la forme de ses poèmes. Celui-ci, en effet, compte pour ainsi dire autant de collaborateurs que de pièces et il a bien soin de choisir ses camarades de gloire dans les camps littéraires les plus opposés. La reprise de son association avec Louis Gallet, le compagnon actif de ses débuts, nous vaut un libretto conçu d’après un système poétique assez inusité.

Peut-être n’a-t-on pas oublié qu’après la représentation d’un drame musical non point écrit en prose, mais où le prosaïsme de la vie moderne se mélangeait au mysticisme légendaire, l’auteur du roman qui inspira ce drame souleva la question de la prose substituée aux vers dans les ouvrages lyriques.

Depuis lors, l’idée paraît avoir fait du chemin, car, dans la préface de Thaïs, Gallet, en rappelant l’enquête de presse que cette idée motiva alors auprès des compositeurs, déclare qu’elle est devenue « une question du jour, un objet de discussion courante ».

Mieux que cela : elle résulte directement de la marche évolutive de notre art. Les nouvelles formes musicales demandent de nouvelles formes