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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

le mari en un accès d’abominable terreur.

J’aime moins la première partiede ce deuxième acte que la seconde. Lascène de mistress Quickly n’est amusante que par l’interprétation supérieure de mademoiselle Delna (en Italie, elle passait presque inaperçue). D’autre part, le monologue des cornes, par son accent tragique et un peu banal, rappelle le Verdi d’autrefois. Mais le tableau suivant nous dédommage amplement.

Dans la maison, les quatre commères préparent la mystification, et, lorsque Falstaff arrive, mistress Ford, seule, le reçoit avec des mines très amoureuses. À peine la conversation est-elle engagée que mistress Page surgit, bientôt suivie de Ford, et de Caïus, avec Bardolfo et Pistola. Et c’est une furieuse poursuite, pendant laquelle Fenton embrasse toujours gentiment miss Nannette derrière un paravent. « Vite, que Falstaff se cache dans le panier au linge sale, et jetez le tout à la rivière ! » Ces scènes musicales sont hurlantes de vie, d’entrain endiablé, de gaieté large et robuste ; elles sont charmantes aussi en leur délicatesse et en leur grâce. Je cite le plaisant récit de mistress Quickly, le délicieux « scherzetto du page », légère et fluide inspiration, glissant de la voix dans l’orchestre, s’enfuyant comme un souffle