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FALSTAFF

de brise, et le prestigieux ensemble qui termine si joyeusement cet acte.

Ainsi bafoué, exhalant sa tristesse sur de comiques psalmodies de trombones et célébrant les vertus consolatrices du vin sur un curieux trille grandissant en la verve progressive des instruments, sir John n’est pas au bout de ses peines. Convié par mistress Quickly à une mascarade nocturne dans le parc de Windsor, il tombe au milieu des commères déguisées en fées et en génies, entourées de mille petits follets et diablotins, et il est lardé de coups de baguette, fustigé d’orties, assourdi par le bruit des crécelles, aveuglé par la lumière des lanternes. Là, M. Verdi a voulu nous donner comme un raccourci de la féerie shakespearienne, et ce tableau est un véritable enchantement. Très loin, un cor résonne, tandis que le jardin s’éclaire aux rayons de la lune. En une mélodie ravissante de jeunesse, Fenton appelle Nannette, et celle-ci lui répond aussitôt. Sur des harmonies troublées et vagues, une cloche sonne minuit ; Falstaff apparaît, et, dans le bruissement des flûtes et des harpes, accourent les nymphes, les elfes et les sylphes. C’est maintenant un concert exquis des voix et de l’orchestre, musique de rêve, de surprise, de contraste absolu avec les drôleries précédentes.