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MUSIQUES D’HIER ET DE DEMAIN

conventionnel. L’acte s’achève par un serment d’extermination que profèrent Othello et Iago, page d’un puissant effet dramatique, où nous retrouvons tout le Verdi à l’emporte-pièce d’autrefois.

Pour parler franc, il faut reconnaître que la troisième partie est la moins bonne des quatre. L’action n’avance pas, les situations se répètent, et, fatalement, l’intérêt décroît. L’arrivée de l’ambassadeur rappelant Othello à Venise, le ballet, le grand finale, de forme si italienne, appartiennent à une poétique trop démodée pour n’être point choquante. Ici, la musique cède absolument le pas à la mise en scène.

Le quatrième acte est de mélancolie intense, de douleur profonde. En un prélude d’infinie tristesse, le coranglais dit le thème de Ja chanson du Saule, au milieu duquel tombent, comme des pleurs, les lamentables quintes des deux clarinettes graves. Dans la chambre de morl, par la plainte douce des violoncelles, par le son étouffé d’un hautbois, chantent la résignation au malheur, le renoncement aux joies du monde, l’amertume. En le deuil de ses pensées monte aux lèvres de Desdémone le souvenir de la cantiiène légendaire du Saule, qui se répercute dans l’orchestre, faisant place de temps en temps à l’expression vivante des sentiments de