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aux volumes que décorent leurs armes ; à cette époque florissait un artiste qui a laissé un nom glorieux dans les fastes de la reliure, il est connu sous le nom de Le Gascon ; son histoire est presque ignorée, mais ses œuvres ne permettent pas qu’il soit oublié.

Quelques amateurs, contemporains de Louis XIV, Habert de Montmaurt et Dufresnoy, entre autres, ont attiré sur eux l’attention qui, pendant longtemps, ne les avait pas atteints. Vers le début du règne de Louis XV, nous rencontrons le comte d’Hoym, ambassadeur de Pologne à la cour de France, possesseur d’une nombreuse et belle bibliothèque, dont les débris épars, dispersés en 1733, sont aujourd’hui recherchés avec ferveur. À la même époque se montre Madame de Verrue, maîtresse du roi de Sardaigne, femme spirituelle et bibliophile éclairée ; décernons également ce titre à Madame de Pompadour, mais ne l’accordons pas à Madame Du Barry, qui ne consacrait pas son temps à la lecture et qui acheta, qui fit relier à ses armes un certain nombre de livres, comme une obligation que lui imposait la dignité à laquelle elle avait été élevée. Les amateurs convoitent avec avidité et payent fort cher les volumes qui ont eu l’honneur d’appartenir aux deux Cotillons dont Louis XV subit l’empire.

On comprend que l’époque de la Révolution et que le premier Empire furent peu favorables à l’art de la reliure, pour lequel il faut des temps de calme et d’épanouissements délicats ; la Restauration montra l’aurore d’un beau jour ; Thouvenin accomplit des progrès réels, il en méditait d’autres lorsque la mort vint le frapper, mais les volumes que lui confia un ingénieux académicien, Charles Nodier, conserveront toujours un rang fort honorable ; Simier et Koehler se montrèrent ses émules ; plus tard vint Capé, mais toutes ces renommées ont pâli devant celle de M. Trautz-Bauzonnet, artiste qu’il paraît impossible de surpasser.

Il n’est donné qu’à un bien petit nombre de personnes de pouvoir devenir propriétaires de livres ayant appartenu à François Ier, à Grolier, à Henri II, et à tant d’autres, fût-ce même un rimeur tel que Longepierre ; les favoris de la fortune peuvent seuls se passer ces coûteuses fantaisies qui, du moins, sont préférables à des caprices moins innocents sans doute et plus dispendieux.

Il était donc opportun de former un album composé de la reproduction